Marbré 1640

Plusieurs documents, jusqu'à présent, en France, donne cette date, quoique approximative, 1640, comme le début de l'utilisation et de l'invention du papier marbré.

Nommé l'Old Dutch, il ressemble à un peigne très fin à 5 couleurs, et n'existe que sur la première page intérieure du plat supérieur, contrecollée.

Je remets cette explication dans les grandes largeurs
Ce sont des constatations issues de plusieurs sources.
La persistance des papiers sur chiffons avant 1830, le voyage du papier décoré dans des malles à dos d'ânes? font que certains papiers décorés sont utilisés d'un siècle à l'autre.
La mode dans les ateliers.
Et pas mal de livres n'avaient pas de gardes décorées à l'intérieur (chères), livres à usage courant et religieux.

D'autre part, je ne parle que de la richesse française, mais il existe aussi une richesse dans chacun des pays traversés par le vent de la lecture et du prestige des bibliothèques, des cadeaux royaux et entre clergé et dignitaires ....

Le nom des marbrés.

le premier marbré est de Macé Ruette en 1640 environ (il semblerait)

(Source Doisy)
(Autre source dans un livre écrit par un Monsieur Thoinan, qui parle d'un Monsieur La Caille ... dont je ne retrouve pas l'extrait parlant du relieur du Roi Macé Ruette qui invente ce papier ...? ou le copie ou le ramène d'un voyage?
Recherches à faire .....)

La Caille, Histoire de l’Imprimerie et de la Librairie, où l’on voit son origine et son progrès, jusqu’en 1689. Paris, 1689, in-4°.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k42153#

— Lottin, Catalogue chronologique des Libraires et des Libraires-Imprimeurs de Paris. Paris, 1789, petit in-8°.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9800726d

Pas de Macé Ruette, ni d'Antoine Ruette dans Lottin et La Caille ... Fieffé coquin de Thoinan ....
mais peut être que je n'ai pas bien cherché ...

https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Thoinan_-_Les_Relieurs_fran%C3%A7ais,_1893.djvu/171

Entre 1640 et 1700: Petit peigne fin 5 couleurs

feuille de chêne

grand peigne

18 ème: coquilles ou tortillons

La créativité des artisans à toutes les époques est pour beaucoup dans la différence de motifs, de couleurs, de techniques .. tout ça est très empirique.

Ente 1700 et 1789, il y a à côté de ces papiers qui perdurent et se transforment, les gardes en soies dites Tabis (du nom de Al Tabiyya, quartier de Bagdad où on fabriquait cette étoffe de soie moirée), pour les reliures de luxe, et la papier à la colle pour les reliures qui seront sauvées des autodafés et destructions ... souvent en couvrure et non en garde.

La dominoterie au 18 ème, consistant en une impression à partir de dominos, tampons en bois, en motif répétitif pour des couvertures d'attentes ou brochages.

A partir de la révolution française et avec les
-Bozérian, (épouse Marie Breton, veuve du relieur Pierre Boulier, en 17901. Ce mariage lui permet de s'installer à Paris avec son frère François. Il devient un des relieurs les plus réputés de la période révolutionnaire et du Premier Empire, avec son frère cadet François Bozerian.)
-Bradel (François Paul Bradel (1757-1827), actif entre 1770 et 1795 environ)
(Le Bris, Sabrina. "Bradel, famille". Dictionnaire encyclopédique du livre, [1], A-D. Paris : Éd. du Cercle de la librairie, 2002, p. 381)
et autres,
-(Derome=Antoine Louis François Bradel Derome)

Gros caillouté, Schroëtel, Stormont, Persillé, oeil de chat, agate.
Tous ces papiers imitant le marbre et la pierre.

On retrouve des décors dans les églises de faux marbres aussi ... c'était la mode.

Les couleurs sont très variées.

Entre 1790 et 1810, les unis de couleurs rose, vert, bleu rouge lie de vin, directoire, empire.

(Directoire Première République, 26 octobre 1795 (4 brumaire an IV) 9 novembre 1799 (18 brumaire an VIII).)

(Premier Empire (France)1804-1814, 1815)
(Second Empire (France)1852-1870)

Le papier est essentiellement encore du chiffon jusque 1840/50, où la transformation de la papeterie en industrie ... donne des papiers bois, lisses et brillants.

Les mêmes motifs seront repris à partir de 1850 environ plus ou moins.

Alors qu'avant ce tournant, les papiers sont encollés, cirés, ensuite ils seront glacés, vernis, encollés avec des tas de recettes que plus personne n'a parce que .. souvent les essais étaient aussi des hasards ...

Il ne faut pas oublier non plus à toutes les époques, les échanges commerciaux et les vols et espionnages entre artisans ...

A partir de 1800, les styles en reliure sont aussi donnés par des styles de papiers existant sur 20 ans parfois: le romantique, l'annonay coulé moucheté, simple, le coulé romantique avec coulure noire sur fond jaune, violet, le queue de paon, les ombrés.

Les gardes courues avec le corps d'ouvrage semble être une pratique à partir de 1810 .. mais cela reste à vérifier.

Au 20 ème, on note juste le papier Maître relieur dans les années 30 qui est une reprise d'un papier 19 ème, il me semble: à vérifier.

le flammé, doré, argenté.

Dans les années 70 Tous ces motifs sont repris transformés avec beaucoup de créativité. Les recettes sont retrouvées par Michel Duval qui n'ayant jamais fait de livres de recettes, partira avec ses secrets. A sa suite, Marie Ange Doisy fera des recherches et avec Marianne Peter et d 'autres marbreurs donneront, dans son livre, sa technique et des recettes.
D'autres feront et font toujours, aussi des recherches, il suffit de taper" marbré" sur internet et on trouve beaucoup de références incontournables.

Mais qui dit recettes, ne veut pas dire savoir-faire .. la connexion artistique, le gout et la recherche sont des heures et des heures de travail ...

Aujourd'hui, il existe en France une quinzaine ( chiffre large et optimiste) de marbreurs qui ne vivent exclusivement qu'avec leurs métiers et vendent dans le monde entier.